(photo: Jeri Purdy)
Faire la course ou seulement, participer ?
Décidemment, en cette année 2014 la perspective d'aller lutter sur près de 302 kilomètres sur les deux célèbres pistes cyclables de Georgia et d'Alabama (la Silver Comet Trail et la Chief Ladiga Trail ), cette perspective donc, était loin de me réjouir.Croyez-moi ou non, c'est le fait que Giovanni Barbazza ait insisté pour que je l'accompagne qui m'a finalement convaincu d'acheter mon billet d'avion pour Atlanta.
Fatigué par le travail et peu entraîné, en tant que compétiteur j'avais peur de l'échec; j'entends par là que je craignais de faire moins bien qu'en 2012 et en 2013 et honnêtement, je ne savais pas si cette fois-ci je serais capable de "faire la course" ou simplement d'aller au bout des 3 étapes sans trop m'occuper du classement et du chronomètre. À mes yeux, aller simplement au bout des 3 étapes aurait été un demi-échec: le Chief ladiga & Silver Comet Sk8 Challenge est avant tout une course pour moi. De fait, dans toutes les épreuves sportives d'endurance, il y a (il me semble) deux catégories de participants: ceux qui veulent s'essayer sur une distance et ceux qui veulent faire mieux que les autres et se battre pour le classement. Or, tous ceux de la deuxième catégorie, les compétiteurs, les racers en anglais, le savent: pour eux, sans envie, sans désir de vaincre et de se battre, une course devient plus un calvaire qu'un plaisir.
Alors comment ai-je mobilisé mes forces? Comme il était trop tard pour m'entraîner sérieusement (durement), j'ai choisi de m'inquièter le moins possible et d'attendre le vendredi 30 mai 2014 (jour de la première étape) pour me "réveiller". Je pense que ne pas dépenser inutilement d'énergie mentale et physique 2 à 3 semaines avant l'épreuve sportive est une bonne façon de mobiliser tranquillement ses propres ressources, pour le jour venu, les utiliser à 100%.
Un raccourci vers l'amélioration des performances, dont j'ai parlé dans d'autres articles, consiste à perdre du poids: si vous avez 2 à 4 kilos de masse graisseuse en moins à porter, automatiquement, vos articulations, votre cœur et vos muscles fatigueront moins et seront d'autant plus performants. Bien sûr, perdre du poids, plus facile à écrire qu'à faire!
Les athlètes de haut niveau et professionnels parviennent à s'entraîner durement et intelligemment et à garder un poids de forme optimal: "facile" quand on est payé pour cela et que son travail consiste à s'entraîner tous les jours comme d'autres prennent le bus pour aller au bureau et que l'on est suivi par des nutritionnistes! Pour nous autres, racers dans un sport inconnu du grand public, c'est "do it yourself" !
Atlanta, une ville solitaire et communautaire le soir
Pour ma première nuit à Atlanta j'avais choisi un hôtel de luxe,l'Atlanta Marriott Marquis en pensant que Giovanni partagerait avec moi cette chambre et finalement, comme Giovanni n'avait pu se payer à temps le billet d'avion, je me suis retrouvé seul dans le centre ville que je connaissais déjà.
Que dire de cette ville que je n'aie pas déjà dit pour l'édition 2013 de la course? Ce qui suit n'est que ma vision subjective fondée sur des impressions et non étayée par des statistiques. Petit rappel: le siège social de Coca-Cola se trouve à Atlanta et cette ville me semble d'abord être un centre d'affaires moyennement actif le jour. Mais le soir? Et bien quand tous les cadres (blancs en majorité?) ont quitté le downtown pour rejoindre leurs grandes maisons familiales en "périphérie" (qui fait toujours partie d'Atlanta), la population qui reste sur place est majoritairement noire et semble-t-il, modeste.
Pour moi, petit métis (considéré comme blanc par certains à cause de mes yeux clairs et probablement aussi parce que je me promenais en planche à roulettes) roulant sur son longboard dans le tout petit centre-ville trop calme d'Atlanta à la recherche d'une terrasse de restaurant agréable (à l'espagnole ou à la française), il était impossible de passer inaperçu. J'entendais quelques invitations amicales "Hey, give me a ride!", mais je voyais aussi les regards suspicieux de trois grands gaillards locaux. À 20 heures le quartier de la ville où je me trouvais était presque "mort" si l'on omet les pelouses du Centennial Olympic Park où les familles s'installent pour picniquer et j'avoue que l'ambiance y était plutôt lugubre. L'ambiance estivale des soirées des villes et villages d'Europe latine (Espagne, France, Italie) est inexistante à Atlanta: pas de couples, de familles, d'adolescents, de personnes âgées qui se promènent ou qui dînent aux terrasses des restaurants pour profiter de la fraîcheur du soir.
Comme finalement, il fallait bien que je dîne quelque part, je choisis les mornes tables en plastique de la "pizzeria" Mama Mia Pizza à Broad Street où Sébastien, Giovanni et moi, nous avions déjà déjeuné en 2013. (photo empruntée sur le net)À l'intérieur, la "décoration" bigarrée aux couleurs des marques mises en avant, donnait l'impression d'être dans une cafétéria universitaire plutôt que dans un restaurant. Le caissier-gérant-serveur était probablement un étudiant fatigué, mais tout de même poli. La nourriture: une pizza aux légumes à pâte très épaisse (très certainement une surgelée) et une salade à la feta particulièrement impersonnelle, bien étudiée pour vous remplir la panse. Je m'assis à l'extérieur, même si la lumière était très faible et quelques minutes plus tard le caissier m'apporta ma commande; soit dit en passant, dans ce "restaurant", normalement on attend que le caissier hèle votre prénom et vous aller chercher votre commande. La mienne, une pizza et une salade emballées dans des boites en polystyrène, avec des couverts en plastique emballés. Voilà résumée une grande partie de la gastronomie américaine destinée aux gens humbles.
J'ai peu voyagé dans ma courte vie, mais comme les modestes tables estivales des petites villes espagnoles et italiennes où l'on change la nappe, où (comme dans toute l'Europe) vous avez de vrais couverts en acier et de vrais verres et où, si vous choisissez bien, les mets sont vraiment cuisinés sur place avec des produits frais (c'est encore le cas en Méditerranée), où presque toutes les tables autour de vous sont occupées, comme cette ambiance gaie et détendue était loin de ce coin de rue sombre à Atlanta! Heureusement, encore une fois je n'avais pas traversé l'Atlantique pour faire du tourisme.
Pourtant, Broad Street North West ne manque pas de charme. C'est une petite rue de style européen où presque tous les commerces sont des restaurants, mais en ce mercredi 28 mai 2014 vers 20h, ils étaient presque tous fermés et la rue presque vide. Une conséquence de la récession économique? Un autre "détail": le nombre important de SDF qui dorment dans les parcs et dans les rues d'Atlanta. Vous l'aurez compris, je n'avais plus aucune envie de faire du "tourisme" et je retournai assez vite à l'Atlanta Marriott Marquis pour profiter de son luxe rassurant.
Le jeudi matin, après une nuit bien réparatrice, je me levais tôt grâce au décalage horaireet je retournais à pied au centre-ville à la recherche d'une gargotte sympathique pour y prendre un vrai petit-déjeuner américain.
J'aurais mieux fait de commander le petit-déjeuner de l'hôtel. J'atterris dans une cafétéria, la Summit, parce que je ne voulais pas aller dans le Mac Donalds qui se trouvait juste à côté. Encore une fois, je n'étais pas là pour faire du tourisme, mais j'y ai pris mon petit-déjeuner avec un échantillon très représentatif de la working class d'Atlanta, autant dire que les gens n'ont pas vraiment l'air heureux. Quant à la qualité du petit-déjeuner: mieux vaut ne pas en parler.
En définitive, les meilleurs moments de la matinée furent ceux où je profitais de la salle de fitness de l'hôtel (si je me souviens bien, je courus sur un tapis de course pendant plus de 36 minutes à une moyenne de 6.8 mph, avec des pointes à 9 mph) et où j'allais nager dans la petite piscine. Je vécus comme un "riche" en transit pendant ces quelques heures et il est vrai que cette vie confortable et insouciante est bien agréable. Aller nager dans la piscine (un peu trop chauffée et chlorée) d'un hôtel de standing en plein centre ville et sortir du bain pour observer les gens qui travaillent dans la rue, 10 mètres en bas et ensuite, fare niente sur un transat au soleil en observant les buildings des alentours et en rêvassant: un exercice pour lequel je suis assez doué.
À midi, Carlos Montalvo (l'un des locaux habitués de la course, un gentleman) (photo: Iván Molina Castrillón)vint me chercher pour m'emmener au La Quinta Inn & Suites; (photo: Iván Molina Castrillón)il me permit même de faire un détour pour acheter des bricoles dans un mall. Thank you Carlos!
L'après-midi se passa autour de la piscine du La Quinta (photo: Iván Molina Castrillón)en compagnie de l'équipe du West Street Stand Up Paddle jusqu'à la désormais traditionnelle réunion d'information (photo: Iván Molina Castrillón)organisée par Georgia & Chadd Hall et par Marion Spears Karr, dans la salle de réunion du La Quinta. (photo: Iván Molina Castrillón)
Vendredi 30 mai 2014: 60.64 kilomètres à 21.986 km/h de moyenne
Ce vendredi matin, Jordi Ensign, (photo: Iván Molina Castrillón)passionnée des courses d'endurance et créatrice de la marque Jords Boards, me demanda "who do you want to beat this year?". "I don't know" lui répondis-je. À vrai dire, avant de commencer la course je ne savais pas si je serais vraiment performant et si je serais capable de me battre pour les premières places. J'étais moins motivé qu'en 2012 et en 2013 et tout ce que je souhaitais, pour l'instant, c'était rouler sur des pistes sèches, cette fois-ci. Je n'avais même pas mis de roulements neufs et ce furent les Bones Reds que j'avais utilisés en janvier à Miami qui équipaient les mêmes Kryptonics bleues non marquées. Au moins, ces roulements je les avais graissés. Mais honnêtement, sachant que cette année des racers aussi rapides que Paul Kent, Jeffrey Vyain et Leo Leunam Segura étaient absents de la course, une toute petite partie de moi, enfouie dans un recoin de mon cerveau, souhaitait finir parmi les 10 premiers skateboarders.
Sur le parking du début de la Silver Comet Trail, (photo: Iván Molina Castrillón)j'étais détendu, mais pas vraiment motivé: ce que je prévoyais, c'était d'abord la souffrance, alors inutile pour moi de m'énerver. Je pris le temps de bien pisser avant le départ (simple bon sens!) et quand Georgia Neal Hall nous le demanda, je me plaçais en 3ème ligne de départ derrière Kaspar Spurgeon, Andrew Andras, Lance Curry et (je crois) Juan Molina. Mon esprit de compétiteur commençait à s'éveiller: pas question pour moi de commencer derrière!
Et ce fut le départ "lent" habituel (photo: Iván Molina Castrillón)où après 10 ou 20 mètres Kaspar et Andrew donnèrent le rythme du peloton de tête. J'estime avoir suivi ce groupe de tête pendant 10 km ou plus: même s'ils allaient vite (une moyenne à 24 ou 25 km/h ?), ce n'était pas la cadence infernale des Paul Kent, Leo Segura et Kiefer Dixon lors de la première étape en 2013!
J'étais tout de même content et mentalement, je considérais mon classement provisoire: "là je dois être 6ème", puis "zut, Juan Molina et Stone Thomas m'ont rattrapé et je n'arrive pas à les suivre: 8ème ou 9ème". Après une quinzaine de miles (sur 37.68), je fus rejoins par deux autres "darons" et adversaires directs: le puissant Lance Curry (Texas), (ci-dessous dans une photo prise par Iván Molina Castrillón pendant l'étape 3)et le polyvalent Conan Issac Gay (Oregon), (ci-dessous au départ de l'étape 2) (photo: Iván Molina Castrillón)nous roulâmes ensemble pendant un certain temps, jusqu'au moment où Conan ne put suivre notre rythme et où nous prîmes de l'avance. Si comme moi vous êtes un racer et que vous luttez pour un bon classement, vous ne laissez pas un adversaire direct tel que Lance Curry filer devant: vous vous accrochez à lui et vous suivez son rythme en drafting (en prenant l'aspiration). Voilà ce qui pour une grande part, fait le charme de ces courses d'endurance: l'aspect tactique et la lutte des volontés, d'homme à homme. Vous finissez toujours par trouver quelqu'un de votre force, avec lequel et grâce auquel, vous serez obligé de repousser vos limites, de progresser.
Il me semble que c'est vers le 20ème mile que se trouvait l'unique ravitaillement de l'étape et fait étonnant, Lance s'y arrêta pour se recharger en eau! Sur une étape de 60 kilomètres (18 de plus qu'un marathon) je ne m'arrête pas! Lance ne me rattrapperait plus. En revanche, à mi-course ce fut le jeune (19 ans) et talentueux Matthew Phillips (photo: Iván Molina Castrillón)qui me rattrapa et c'est grâce à lui que je gagnais ma place parmi les 10 premiers de la première étape! Matthew devait rouler à une moyenne de 21 ou 22 km/h et je décidai de ne pas le lâcher jusqu'à la ligne d'arrivée: collé à lui en drafting, Matthew fut ma locomotive. Son rythme extrêmement régulier, son switch efficace, sûr et prévisible, sa grande taille, tout cela me permit d'augmenter ma vitesse moyenne, tant et si bien qu'à 20 ou 15 km de l'arrivée nous vîmes le duo Juan Molina et Stone Thomas: nous étions en train de les rejoindre.
Matthew, imperturbable, avec un demi sourire enigmatique, ne montrait aucune émotion et telle une machine à rouler, il gardait un rythme de métronome. Juan Molina (ci-dessous au premier plan avant le début de l'étape 1) (photo: Iván Molina Castrillón)qui est aussi un compétiteur nous avait vus et il augmenta sa cadence, entraînant avec lui Stone Thomas: je savais que notre seule chance de rattrapper Juan et Stone était de sprinter de temps en temps. J'essayais bien, laissant derrière moi sur 5 mètres Matthew, mais bien vite je sentais des crampes menacer d'apparaître sur l'arrière de mes cuisses. J'évitais alors de prendre ces risques et je me replaçais sagement derrière Matthew.
C'était ma troisième participation à cette course désormais légendaire et très vite je sus que nous étions à 1 ou 2 kilomètres de l'arrivée. Matthew pour qui c'était la première participation ne le savait pas et j'en profitais pour placer mon sprint final. Je finis 8ème de la première étape en 2h45m29s (moyenne à 21.986 km/h) devant Matthew Phillips en 2h45m31s. En 2013 où j'étais plus combatif, j'avais fini la première étape en 2h44m19s, soit 1m10s plus vite qu'en 2014. J'étais tout de même content: je me sentais bien et mon corps s'était "réveillé" quand Lance Curry m'avait rejoint. Les 60.68 premiers kilomètres étaient passés, une "corvée" en moins et une place dans les dix premiers!Vainqueur de l'étape: Kaspar Spurgeonen 2h32m39s soit une moyenne de 23.834 km/h, rapide mais humain par rapport aux 25.372 km/h de Paul Kent en 2h24m15s de 2013!
Cette année, Andrew Andrasavait décidé de lutter pour la première place et il ne céda que 31 secondes d'écart à Kaspar. Je devine qu'Andrew et Kaspar avaient certainement fait la course ensemble et qu'à 10 ou 5 kilomètres de l'arrivée, Kaspar avait placé l'attaque finale pour faire la différence. Kaspar, recordman du mile, est très puissant et la régularité d'Andrew n'a pas suffi.
L'ancien coureur de cross William Coale (ici au départ de l'étape 2 et avec sa fiancée Naomi)finit 3ème en 2h41m20s, devançant de 23 secondes le jeune et dangereux Kyle Yan. (photo: Iván Molina Castrillón)
Cette année 2014 la course était plus ouverte que lors des éditions précédentes et pour une fois, le vainqueur final était inconnu!
Mention spéciale pour John Moriartyqui finit dernier de l'étape en 6h23m32s parce que le kingpin de son truck avant n'a pas résisté à son pumping et qu'il s'est brisé en le faisant lourdement chuter. Blessé, fatigué, John alla quand même au bout des 60.64 km.
Idem pour David Kimmel, (60 ans!)qui s'est cassé le poignet lors de cette première étape et qui est tout de même allé jusqu'au bout. Au sujet de David, ce dentiste est tombé amoureux du longboard sous toutes ses formes et si je me souviens bien, cela fait environ 10 ans qu'il s'y est mis!
Peu après son arrêt à la station de ravitaillement, Lance Curry a lourdement chuté en roulant sur une couche de terre trop épaisse et il s'est cogné la tête. Heureusement, il portait son casque, mais à l'arrivée à Rockmart il choisit de passer une visite médicale et après une batterie de tests très complète, le médecin lui dit que ses reins ne lui permettraient pas de reprendre la course lors de la deuxième étape. Par prudence, les organisateurs lui ont demandé de ne pas prendre le départ de la 2ème étape. Dommage pour cet excellent skateboarder qui a trouvé "son" sport dans le skateboard sur longues distances et qui est venu en voiture depuis Dallas (Texas) avec sa fille et son épouse.
Félicitations à Jeff Crowe, Marion Spears Karr, Ed Francavilla et Anne Palmer, les quatre autres quinquagénaires qui prouvent que le skateboard sur longues distances peut être pratiqué par tous.
Samedi 31 mai 2014: 90.12 kilomètres sous le soleil
Le départ de la deuxième étape ne différa pas de celui du vendredi: il faisait beau, la piste était sèche et je me plaçai en deuxième ou en troisième ligne pour suivre les premiers. À vrai dire, j'aime bien le début de cette étape: son parcours riche en virages, qui alterne montées et descentes, est très ludique et technique. On n'a pas le temps de s'ennuyer et c'est toujours amusant de voir les autres aborder les pièges techniques. Je suivis assez longtemps les leaders de la course.
Juan Molina fut la première victime de l'un de ces pièges: juste avant le tunnel que l'on voit dans la photo qui suit (photo empruntée sur le net)de la terre brune a tendance à s'accumuler en raison de l'écoulement des eaux de pluie. Or Juan était en tête de meute (je devais être 4ème ou 5ème) et de façon très surprenante il fonça droit sur le centre de ce tas de terre! (photo: Iván Molina Castrillón)Nous le vîmes tous faire un élégant roulé-boulé tandis que sa planche était stoppée nette par la terre et aussitôt, se relever pour revenir trois mètres en arrière chercher sa monture! Quand nous vîmes qu'il s'était immédiatement relevé, nous sûmes que rien de grave ne lui était arrivé et nous continuames tous notre course. Plus tard Juan nous dit que non seulement il était tombé, mais que les roues et les roulements avants de sa planche étaient restés momentanément bloqués par la terre. Juste avant la montée de Trash Mountain, malgré sa chute et ses blessures, Juan me rejoindrait; impressionnant.
Trash Mountain: la pièce de résistance de la deuxième étape. Pour la première fois j'ai réussi à la monter jusqu'au sommet, en restant sur ma planche et j'ai ainsi rejoint et doublé Andrew Andras. je distançais encore Juan Molina qui n'arrivait pas à me suivre. Bien sûr, mon avance sur Andrew était infime et en descente il me doubla et prit facilement un écart de 50 mètres qui ne cessa de croître: Kaspar Spurgeon et Kyle Yan l'avaient distancé, et Andrew n'était pas homme à renoncer à la lutte pour la première place. Je ne le revis plus.
Malheureusement, pour la troisième fois j'ai été incapable de maîtriser la puissante accélération qui vous lance sur la chicane où tant de skateboarders ont chuté.J'avais beau freiner à fond en foot-break j'avais l'impression qu'au deuxième virage je partirais dans le décor et je sautais alors de ma planche pour courir sur l'herbe. Pas de chute, mais du temps et de l'énergie perdus et surtout la déception de ne toujours pas maîtriser cette partie de la course. Si j'habitais dans le coin, j'irais régulièrement monter Trash Mountain pour m'entraîner sur cette chicane et finir par dompter ses virages serrés à haute vitesse!
Le principal était acquis, pas de chute, pas de casse et je continuais vers la partie la plus dure mentalement et physiquement, de cette étape: l'impression de rouler sur des lignes droites qui n'en finissent jamais.
Encore une fois je fus rejoint par Matthew Phillips, (photo: Iván Molina Castrillón)la locomotive de Washington! Dans une course aussi longue, je sais qu'il m'est difficile de maintenir seul une moyenne décente, aussi, Matthew Phillips et sa cadence à 22 km/h (ou plus) fut un meneur parfait. Je décidai, comme pour l'étape précédente de ne jamais le lâcher et de profiter autant que possible de son drafting. Matthew est un rider taciturne et impassible, et moi, quand je suis à 90% de mes capacités physiques, je ne parle presque pas. Nous roulâmes longtemps sans parler et je m'efforçais de m'économiser le plus possible en restant derrière lui. (photo: Iván Molina Castrillón)Parfois, le drafting et un faux-plat descendant m'obligeaient à le doubler, mais très vite la résistance à l'air me replaçait derrière lui. Matthew restait impassible avec ses grands kicks réguliers. À 30 ou 20 miles de l'arrivée nous fûmes rejoints par l'inusable Juan Molina! Pendant environ une heure nous roulâmes ensemble. En forêt un caillou ou une gumball bloqua l'une de mes roues, ce qui m'obligea à sauter de ma planche et à courir pour ne pas tomber: Juan insista pour que l'on m'attende tandis que je leur disais de ne pas le faire, que c'était une course; ils n'en firent rien et ils m'attendirent; merci à eux, à leur place j'aurais continué. Au ravitaillement principal (20 miles avant la fin de l'étape?) (photo: Iván Molina Castrillón)Juan s'arrêta pour remplir sa poche à eau (photo Iván Molina Castrillón)tandis que Matthew (photo: Iván Molina Castrillón)et moi,nous avions pris au vol les bouteilles d'eau. (photo: Iván Molina Castrillón)Juan ne nous rejoindrait plus.
Peu à peu, je reconnaissais les jalons de la Chief Ladiga et malgré cela, l'arrivée me semblait toujours bien lointaine. J'étais tout de même bien content d'avoir Matthew Phillips comme leader et je savais que grâce à lui ma moyenne serait bonne et que nos poursuivants auraient beaucoup de mal à nous rejoindre. À environ 15 miles de l'arrivée nous vîmes un skateboarder en difficultés, (photo: Iván Molina Castrillón)qui malgré tout ne cessait d'avancer: William Eric Frank (casque orange). 10 ou 15 minutes plus tard nous arrivâmes à sa hauteur (photo: Iván Molina Castrillón)et il s'efforça de s'accrocher à la locomotive Phillips. Il y parvint, mais Will était vraiment hors de forme (des crampes?) et peut-être à 5 miles de l'arrivée il ne put continuer à suivre notre cadence. Une demi-heure ou trois quarts d'heure plus tard, Matthew qui me devançait de 3 mètres vit la clairière qui marque l'arrivée du deuxième jour (photo: Iván Molina Castrillón)et cette fois-ci, il ne me fit pas de cadeau: j'eus beau sprinter comme si Belzébuth était à mes trousses, Matthew finit 3ème ou 4ème de cette étape (selon la façon dont on classe les ex-æquo Andrew Andras et Kyle Yan) devant moi en 4h16m59s. Je finis derrière lui en 4h17m04s, soit 5 secondes après! Matthew a amplement mérité de finir devant moi et je le remercie, car c'est grâce à lui que j'ai fait ma meilleure performance en trois participations à cette course: 90.12 km à la vitesse moyenne de 21.034 km/h!
J'étais content, mais mon corps ne l'était pas: l'effort avait été très long et intense pour moi, et j'avais vraiment mal aux jambes. Une nausée due à tous les aliments chimiques ingurgités dans cette étape s'était aussi emparée de moi. Mais l'essentiel était là, ma bonne place au classement général.
Kaspar Spurgeon a encore fait parler sa grande puissance et il finit 1er de l'étape (photo: Iván Molina Castrillón)avec 7m27s d'avance sur Andrew Andras et Kyle Yan, 2èmes ex-æquo en 4h10m38s. (photo: Iván Molina Castrillón)Mention spéciale pour Andrew Andras qui s'était fait distancer dans la montée de Trash Mountain par Kaspar Spurgeon et par Kyle Yan (je l'ai même doublé dans cette montée) et qui s'est battu pour rejoindre Kyle. Belle combativité.
Alors que le classement final pour les trois premières places commençait à apparaître, la lutte pour les places d'honneur entre William Eric Frank, Matthew Phillips, Juan Molina, William Coale et moi restait très ouverte. Conan Isaac Gay avait environ 33 minutes de retard sur moi au classement général et sauf accident il ne représentait pas un grand danger.
Comme toujours, la troisième et dernière étape le dimanche 1er juin s'annonçait décisive pour tout le monde.
Dimanche 1er juin 2014: 151 kilomètres de vérité
(photo: Iván Molina Castrillón)Ma nuit fut courte et difficile, mais au réveil je compensais cela en dévorant quatre bacon & egg cheese biscuits que Lance Curry m'avait emmené acheter au McDrive local. Je savais que cette journée serait très longue, alors m'empifrer en mangeant quatre sandwichs à la suite était une façon de me recharger en calories pour ne pas avoir à emporter trop de barres de céréales. J'essaie d'être végétarien, mais depuis mon enfance j'ai toujours mangé de tout et j'adore le bacon à l'américaine; alors face à la tentation, je suis souvent faible. Ce matin-là, je me faisais plaisir pour mieux supporter la dureté de la journée à venir.
La veille j'avais dit à Jordi Ensign que je souhaitais une météo sans pluie (pour ne pas glisser) et sans soleil (pour ne pas avoir chaud) lors de l'étape des 151 kilomètres. Je fus exaucé par les dieux du skateboard! Certes, il avait plu pendant la nuit, mais la piste sèchait.
Le ciel était gris, l'air frais et tout le monde était calme. (photo: Anne Palmer)Le départ fut donné par Georgia Neal Hallet nous suivimes le groupe Spurgeon, Andras, Frank et Yan. Pendant 10 ou 20 kilomètres il y eut un groupe de tête homogène formé par ceux déjà nommés, mais aussi par William Coale, Matthew Phillips, Conan Gay, Juan Molina, Harrison Tucker, Lance Curry, Max Frank et moi. Puis Lance Curry qui était hors course sprinta pour se placer en tête, et ce faisant, (photo: Lee Biddle)il permit à Spurgeon, Yan, Will Frank et Andras de nous quitter définitivement. Pour cette dernière étape, Matthew Phillips avait décidé de rouler en tête, (photo: Lee Biddle)avec les leaders, et je n'aurais certainement pas la possibilité de profiter de son drafting!Derrière eux, Max Frank, moi, Juan Molina et William Coale, nous formions le deuxième peloton.Remarque: Lance Curry était hors course pour le classement final en raison de son forfait lors de la deuxième étape, mais il avait choisi de rouler avec nous sur la totalité des 151 kilomètres du dimanche.
Après 20 ou 30 kilomètres, nous avons lâché Conan Isaac Gay et Harrison Tucker (14 ans!) qui ne suivaient plus notre cadence. (photo: Iván Molina Castrillón)
Kaspar Spurgeon, Kyle Yan, Will Frank et Andrew Andras étaient déjà loin et nous ne les voyions plus. (photo: Iván Molina Castrillón)William Coale, Juan Molina, Max Frank (de la Shralpers Union ) et moi, nous formions le peloton des poursuivants. Fait remarquable qui démontre que l'endurance est prise toujours plus au sérieux, tous les skateboarders des deux premiers pelotons maîtrisaient parfaitement le switch (le changement de pied d'appui). Il y a 6 ou 7 ans, les riders qui maîtrisaient le switch étaient l'exception et désormais, dans presque toutes les courses d'endurance les premières places sont occupées par ces derniers.
Au bout de 30 kilomètres, ce fut Max Frank qui resta en arrière. Il ne pouvait plus nous suivre. Restaient William, Juan et moi. William Coale restait presque toujours en tête du groupe et je restais presque toujours en drafting derrière lui (photo: Iván Molina Castrillón) ou derrière Juan Molina.J'étais en avance au classement général sur eux et je voulais les contrôler pour garder ma 6ème place finale. (photo: Iván Molina Castrillón)Il était hors de question qu'à 70 miles de l'arrivée, par esprit chevaleresque, je prène la tête du groupe pour qu'ils s'économisent, ou pire encore, que je joue au Bernard Hinault du skateboard en lançant une attaque solitaire hasardeuse. C'est une course qui se gagne aussi avec sa tête et sans états d'âme. De plus aucun des deux n'a vraiment essayé de me semer.
Autour des 40 km parcourus, nous vîmes loin derrière nous Conan Isaac Gay qui lentement mais sûrement, revenait sur nous à la faveur d'un faux plat descendant et de l'excellente qualité du revêtement. 30 minutes plus tard peut-être, il nous rejoignit. Sa moyenne étant supérieure à la notre de 1 à 3 km/h, je m'attendais à ce qu'il poursuive sur sa lancée et qu'il continue seul; mais non, il avait simplement fait l'effort pour nous rejoindre. Conan, William et Juan s'entendaient comme larrons en foire et bavardaient tandis que moi, un peu dépassé par mon anglais imparfait, j'avançais en silence en m'efforçant de toujours rester en deuxième place du peloton. Toutefois, 5 à 10 minutes après nous avoir rejoints, Conan qui était en tête de meute, accéléra un peu la cadence, nous obligeant tous à accélérer la nôtre pour le suivre. Je n'étais pas en très grande forme, mais j'étais loin d'avoir entamé la moitié de mes réserves d'énergie, alors mentalement j'étais prêt à faire le nécessaire pour ne pas le laisser s'échapper. D'ailleurs, Conan se retournait de temps en temps et j'ai bien l'impression qu'il regardait de mon côté pour connaître mon état de forme. Voyant que personne ne cèderait, Conan ralentit et nous reprîmes tous la vitesse de croisière précédente. Les bavardages et les plaisanteries reprirent et pour blaguer, Conan offrit du tabac à chiquer à tout le monde! Bien sûr, personne n'en prit. Petite remarque subjective concernant la technique de William Coale: William qui est un ancien coureur de cross de très haut niveau (il n'a couru qu'un seul marathon et si je me souviens bien, il l'a fait en moins de 2h40m ! ), semblait parfois en déséquilibre sur sa planche au moment du switch; je pense que cela est dû au reglage de ses trucks qui ne permettaient pas à sa planche de suivre parfaitement les mouvements de son corps. Bien sûr, je peux me tromper, mais si j'ai vu juste, avec du matériel bien règlé il pourrait mettre davantage de puissance dans ses kicks, donc être plus efficace, donc plus rapide.
Nous roulions donc les quatre ensemble, sur la Chief Ladiga Trail (en Alabama) et nous franchîmes la frontière des deux états pour nous retrouver sur la Silver Comet Trail (en Georgia). Il y avait bien quelques grosses flaques d'eau de-ci de-là en raison de la pluie tombée pendant la nuit, mais ce n'était rien comparé à ce que nous avions subi en 2012 et en 2013! Je prenais même un certain plaisir à rouler dedans pour rafraîchir mes tibias et mes mollets.
Cedartown (GA) approchait et déjà nous quittions la forêt et ses grandes lignes droites. (photo empruntée sur le net)Dans une course aussi longue, ce qui aide à continuer c'est de voir le paysage changer. La monotonie c'est dur pour le moral aussi! Et c'est juste avant Cedartown, qu'avec de la chance j'ai définitivement pris l'avantage sur mes rivaux. Notre parcours devenait plus ludique avec quelques bosses à monter et à descendre et au loin nous vîmes une très grande flaque d'eau sur la piste, à l'endroit où elle passe sous une route.J'estime qu'en son centre cette flaque (un lac en miniature) devait avoir une profondeur de 20 à 30 centimètres. Juan et moi, nous étions en tête et par reflexe, en le pensant à moitié, je dis à haute voix: "Oh shit, I'm not going to bomb this" ("Oh zut, je ne vais pas foncer là-dedans"). La flaque était au bout d'une belle descente qui a dû nous faire rouler à près de 30 km/h et cela m'embêtait de freiner et de perdre cette énergie et cette vitesse inutilement! Alors au dernier moment, je me suis mis en position de vitesse, j'ai bien calé mon pied droit sur le nez de ma planche et j'ai foncé sans freiner en prenant la flaque par le bord extérieur droit. La Nave Ligera (le nom de ma planche) et moi, nous avons traversé ces 10 ou 15 centimètres d'eau à la façon d'un hors-bord et je rigolais, amusé que j'étais de m'être fait tremper jusqu'au torse et d'avoir franchi l'obstacle sans tomber et sans perdre trop de vitesse! Ce faisant, j'avais laissé derrière moi les trois compères, Juan, William et Conan, qui avaient peut-être cru en mes paroles et qui avaient freiné avant le water puddle! En me retournant avec un sourire de gamin au lèvres, je vis avec surprise que j'avais pris plus de 10 mètres d'avance sur eux! De loin, je crois avoir vu le regard incrédule de Juan Molina.
Je n'avais rien prémédité, j'avais franchi la flaque d'eau en force sur un coup de tête et j'étais devant. Convaincu que les trois lascars finiraient par me rattraper, je poursuivis ma route et à vrai dire, j'accélérai. J'arrivais sur la partie que j'aime, celle qui alterne montées et descentes, avec des descentes qui doivent vous lancer à plus de 30 km/h. (photo: Iván Molina Castrillón)Tous les dix mètres environ, je me retournais pour voir s'ils me rattrapaient, mais à ma grande surprise il n'y avait personne derrière moi! Cela m'incita à ne pas relâcher mon effort, puisque chaque mètre gagné me rapprochait d'une place parmi les 10 premiers du classement général! J'avoue que moralement cet incident inattendu m'a donné des ailes et je dévorais les montées et les descentes qui longent la route jusqu'au centre-ville de Cedartown.À la vieille gare ferroviaire, je pris une bouteille d'eau sans m'arrêter et si mes souvenirs sont bons, en me retournant, il me semble avoir vu les trois compères y faire une pause!
Peu avant le passage de la Silver Comet Trail sous le Syble West Brannon Parkway (une autoroute?),je vis Lance Curry qui roulait devant. En raison de son forfait lors de la deuxième étape, Lance était hors course pour le classement final, mais il avait choisi de faire la dernière étape en électron libre pour accompagner et, éventuellement, aider les autres riders. Lance était en pleine forme et il me dit qu'il avait roulé avec les premiers pendant un bon moment. De mon côté, j'étais peu loquace, même si j'étais content de voir un autre skateboarder devant! Petite remarque sur le style de Lance: il est intéressant et efficace, il donne quatre ou cinq kicks très puissants d'une jambe, il change d'appui, il fait de même avec l'autre jambe et ensuite, il profite de l'inertie. (photo: Iván Molina Castrillón)Sur le plat et en faux-plat descendant, ça fonctionne. Lance et moi, nous montâmes ensemble Trash Mountain et cette fois-ci, je suis descendu plus d'une fois de ma planche pour monter les côtes très raides. Pendant une épreuve sportive de longue haleine on commence à chercher des échappatoires à l'effort et à l'ennui; or, près de 5 heures après le départ depuis Anniston (AL), une envie de fruits frais m'était venue: j'aurais dévoré une pastèque entière en plongeant mon visage dans chacune des deux moitiés! Hélàs, je n'avais que de l'eau, de l'eau enrichie en electrolytes trop sucrés et acides (beurk) et des barres de céréales dont je n'avais pas envie. Je n'avais pas faim: comme prévu les quatre bacon & egg cheese biscuits du matin m'avaient bien calé, mais une demi-pastèque m'aurait parfaitement hydraté et rassasié. Ce n'étaient pas les cyclistes que nous croisions qui allaient me ravitailler en fruits! L'un d'entre eux avait remarqué nos dossards et il m'avait demandé "is there a race?". Après environ 50 miles parcourus, je n'avais pas trop envie de répondre.
Rockmart n'était plus loin et même si Lance avait parfois 50 mètres d'avance sur moi, nous y arrivâmes ensemble. Là-bas, Jeri Purdy (l'une des bénévoles ici en train d'accueillir Gus Buesser et Austin Horne)me proposa des barres de céréales mais je choisis une orange que je dévorais comme si j'avais été un marin du Bounty en manque de vitamine C! Je m'étais arrêté 2 à 3 minutes et je ne voyais toujours pas mes poursuivants. Ce n'était pas une raison pour m'éterniser et je pris le chemin du retour et des 60 derniers kilomètres, les plus difficiles.
Le premier de ces kilomètres est le plus amusant parce qu'il longe la rivière en passant par de petites montées et descentes, mais ensuite, on a l'impression de faire une longue montée qui n'en finit pas. Heureusement, le marquage des miles et des kilomètres y est très bien fait depuis Rockmart et cela aide à s'encourager en se donnant des objectifs que l'on atteint les uns après les autres.
Cette dernière partie de course était quand même la plus dure et ma moyenne n'était pas élevée; je l'estime entre 12 et 18 km/h. Régulièrement je me retournais pour voir si le trio Coale, Molina et Gay me rattrapait, (photo: Iván Molina Castrillón)mais je ne les voyais pas. Quand la Silver Comet Trail traverse la Brushy Mountain, le paysage forestier devient monotone en raison de la fatigue des miles déjà parcourus et de l'obsession du classement. La forêt est belle, mais on ne prend pas vraiment le temps de s'y promener. De temps en temps je voyais des bancs destinés au repos des promeneurs et des randonneurs (photo empruntée sur le net)et "j'entendais" mon corps me dire: "arrête de rouler, descend de ta planche, marche, va t'asseoir sur le banc, attend-les et finis avec eux!". Bien sûr, je n'en fis rien. Pour échapper à l'effort, l'esprit invente des tas de raisons pour s'arrêter. Après sa course, Conan Isaac Gay partagea avec les autres riders des pensées similaires: pendant les moments les plus difficiles pour lui, il imaginait qu'il chutait lourdement de sa planche et que s'étant cassé quelque chose il ne pourrait plus continuer! Je devine que sur les épreuves très longues, tous les participants cherchent inconsciemment un moyen d'échapper à l'effort, ce doit être naturel. Quant à moi, il me restait environ 50 kilomètres à parcourir et abandonner était hors de question. (photo empruntée sur le net)En arrivant au tunnel qui traverse la Brushy Mountain, une borne indiquait 49.3 km ou 30.81 miles exactement. (photo empruntée sur le net)Pour l'instant je tenais compte des miles, probablement parce que 31 est plus facile à supporter que 50. J'étais tout de même content d'avoir atteint ce tunnel, sachant qu'il débouchait sur une partie en faux-plat descendant (me semble-t-il);toutefois, le revêtement moyen et la fatigue ne m'incitaient pas à foncer, même si j'essayais de forcer l'allure. Il n'y a pas de secret, à moins d'être très fort mentalement, sans équipier qui vous oblige à suivre son allure légèrement plus rapide que la votre, il est difficile de s'obliger à augmenter sa vitesse moyenne. Un "aiguillon" m'incitait tout de même à maintenir mon effort: mes trois poursuivants; mais derrière moi, je ne voyais toujours personne!
Je l'ai déjà écrit, quand c'est difficile, le corps fait "tout" pour que l'on s'arrête: on imagine des excuses, on se laisse attirer par les distractions comme Ulysse et ses hommes se laissaient charmer par les sirènes; mais c'est à chacun de trouver les moyens de s'encourager. Globalement, j'avais trois ou quatre éléments motivateurs: mes poursuivants, les bornes qui me disaient que le but était toujours moins éloigné, le checkpoint des 20 miles et les 20 derniers kilomètres où la Silver Comet Trail retrouve un enrobé noir très roulant. Je pense que chaque participant utilise des aides morales similaires, voire indentiques.
Enfin je repassai par le très beau pont qui surplombe une urbanisation (photo empruntée sur le net)et si ma mémoire ne me trompe pas, j'atteignis ensuite le dernier checkpoint installé dans une clairière, (ci-dessous avec des riders arrivés plus tard dont Matthew Floyd au premier plan)celui des 20 derniers miles, celui où il fallait arriver avant 17 heures sous peine d'être déclaré hors délai et donc, hors course.Là j'eus la belle surprise de retrouver William Eric Frank et Matthew Phillips! Si je me souviens bien, ils étaient en train de recharger leurs poches à eau et de prendre quelques aliments et de fait, de nous trois, Will et Matthew étaient les plus surpris de me voir: je le vis à leur regard. Je les saluai et sans m'occuper d'eux, je demandai à Rachel Andrew Maida de recharger mes deux gourdes en eau et en Gatorade bleue (je voulais essayer ce parfum), pendant que je dévorais une autre orange. Matthew et Will reprirent bien vite la piste pour conserver leur avance sur moi et j'ai dû repartir 3 à 5 minutes après eux.
Environ 20 miles restaient à parcourir, soit 32.19 km. À partir de là, je ne comptais plus en miles, mais en kilomètres, en utilisant une astuce mentale pour tromper ma fatigue: sachant que les 10 derniers kilomètres sont moralement les plus "faciles", je ne comptais pas 32 km à parcourir, mais 22 km! En ce qui me concerne, cela m'a aidé. 22 kilomètres: dans un marathon ou dans une course courte, je les fais en moins d'une heure et là, en me donnant une bonne marge, je comptais 1h30 au maximum. Je regardai chaque balise de la Silver Comet Trail en faisant des calculs et souvent, je me retournais pour voir si Gay, Molina et Coale n'étaient pas sur mes talons. J'étais vraiment surpris de ne pas les voir, mais ce n'était pas le moment de ralentir.
À vrai dire, si soustraire 10 km au décompte final était une bonne tactique, regarder les balises tous les 200 mètres ne l'était pas!Le kilométrage diminuait si lentement que j'avais l'impression de ne pas avancer; mais comment ne pas regarder ces balises après 8 heures passées à rouler!
J'étais fatigué, j'avais mal aux jambes et dans ces conditions je n'avais plus envie de sourire; mais je remercie tous les cyclistes qui au courant de cette course et de la longueur de la dernière étape, me félicitaient et m'encourageaint! Ces pratiquants de cyclisme-loisir n'avaient peut-être jamais parcouru la totalité de la Chief Ladiga Trail et de la Silver Comet Trail en une seule journée, aussi étaient-ils sincèrement impressionnés par nos performances! Voilà l'état d'esprit américain que j'aime: celui qui encourage l'effort et le fighting spirit! Grâce à certains de ces cyclistes, j'ai augmenté ma moyenne: comme ils n'allaient pas beaucoup plus vite que moi, dans les portions plates et en faux-plat descendant j'accélérais pour rouler à leur vitesse. Bien sûr, même s'ils n'allaient pas très vite, je n'arrivais pas à les suivre très longtemps à cause de la fatigue, mais en essayant, je suis parvenu à casser mon rythme ennuyeux et à placer quelques accélérations. C'était bien utile pour assurer ma 6ème place dans l'étape finale.
À 2 ou 1 kilomètres de l'arrivée, j'entendais des cyclistes et des piétons me lancer: "Well done!" ou "You're almost there!".
Enfin je reconnus la fin de la piste et pour être certain d'être pris en photo , je criais: "The Frenchman is coming!". (photo: Iván Molina Castrillón)
Je finis 6ème de la dernière étape en 8h47m13s avec une moyenne à 17.18 km/h et 6ème du classement général en 15h49m46s, avec une moyenne à 19.07 km/h sur l'ensemble des trois jours. Faire une moyenne à 20 km/h sur les trois étapes, voilà qui m'aurait vraiment plu, mais c'est là un difficile défi sportif pour moi. C'est tout de même mon meilleur résultat dans la Chief Ladiga & Silver Comet Sk8 Challenge, en trois participations et je suis vraiment content et fier de cette 6ème place, même si je sais qu'elle est due aussi, à l'absence d'athlètes tels que Paul Kent, Leo Leunam Segura, Taylor Martin, ou encore Rick Schorr! Une autre petite satisfaction est de ne pas être tombé une seule fois. (photo: Iván Molina Castrillón)À propos, j'ai maintenant la réponse à la question que Jordi Ensign m'a posée avant le début de la course: "Who do you want to beat this year?", ma réponse aurait dû être: "This year, I want to beat myself".
151 kilomètres à 20.3 km/ de moyenne
Kaspar Spurgeon finit seul en tête en 7h26m13s, avec une moyenne à 20.3 km/h; (photo: Iván Molina Castrillón)1er au classement des trois jours bien sûr, avec un temps cumulé de 14h02m03s. Même s'il était heureux de finir vainqueur, (photo: Iván Molina Castrillón)Kaspar m'a avoué qu'il aurait aimé descendre sous la limite des 14 heures de course cumulées: une bonne raison pour lui de revenir participer!
Pour cette édition 2014 et pour sa quatrième participation, (photo: Iván Molina Castrillón)Andrew Andras a lutté avec Kaspar dès le premier jour. Il voulait remporter cette course, mais comme il me l'a dit, Kaspar était trop fort. Les accélérations et la vitesse de pointe du texan ont eu raison de "La Máquina"! Ce fut tout de même un excellent résultat pour le recordman mondial des 24 heures, ce qui confirme sa place dans l'élite des Long Distance Skateboarders! (photo: Iván Molina Castrillón)Il fit les 151 km en 7h28m36s, soit une moyenne à 20.19 km/h.
La surprise de l'édition 2014 nous vient du New-Yorquais Kyle Yan (21 ans seulement!) (photo: Iván Molina Castrillón)qui finit 3ème de l'étape en 7h58m02s (moyenne à 18.95 km/h) et 3ème des trois jours en 14h50m23s. Déjà, lors de l'UltraSkate de Miami en janvier 2014 j'avais constaté la facilité avec laquelle il dévorait les kilomètres et je me doutais qu'ici, en Georgia et Alabama, il serait un racer difficile à battre! Kyle était toujours sérieux en course, toujours motivé et il ne semblait jamais fatigué. Je pense que son gabarit léger et tout en muscles lui a permis de parcourir les 302 km sans que son corps ne souffre trop, mais qu'il lui a manqué la puissance nécessaire pour rivaliser en vitesse de pointe avec Kaspar et Andrew.
Matthew Phillips (19 ans) (photo: Iván Molina Castrillón)est l'autre bonne surprise de cette année: jeune et grand, sa technique de switch est excellente et son matériel bien réglé. Il peut faire partie des meilleurs s'il s'améliore en sprint, s'il accroît sa vitesse de pointe et s'il apprend à changer de rythme, pour faire "souffrir" ses poursuivants. 4ème de l'étape en 8h29m30s et 4ème au classement général en 15h32m.
William Eric Frank (23 ans) a bien souffert dans cette édition 2014 et c'est pour cela qu'il a obtenu son meilleur résultat! (photo: Iván Molina Castrillón)Il finit 5ème de la dernière étape en 8h29m34s (4 secondes derrière Matthew Phillips) et 5ème au terme des trois jours en 15h33m44s. C'est sa "déroute" lors de l'étape des 90 km qui lui a coûté la 4ème place au classement général. Ce samedi-là fut vraiment difficile pour lui et je me souviens encore de sa silhouette qui rapetissait au fur et à mesure que Matthew et moi nous progressions vers l'arrivée à Anniston (AL). En fait, Will est l'un des skateboarders les plus motivés par le LDP: il participe à un maximum de courses et quand il prend le départ de l'une d'entre elles, il ne connaît pas les demi-mesures, il donne 100% dès le départ. À 23 ans, sa marge de progression est très grande.
J'espère pour lui et pour nous tous, qu'en tant que sport, le Skateboard sur Longues Distances croîtra toujours plus vite, qu'il y aura des championnats nationaux et internationaux sur des distances communes, avec des records à battre, des champions, des clubs et de plus en plus de courses!
Les 3 grâces du Sk8 Challenge 2014
Claudia Case est 1ère au classement général en 19h45m01s. Félicitations: elle est l'une des rares femmes qui pratiquent le switch et en course elle garde un rythme constant et solide. Sa qualité première est, me semble-t-il, son moral d'acier. (photo: Iván Molina Castrillón)La souffrance n'apparaît jamais sur son visage et toujours avec son léger sourire à la Mona Lisa, on devine qu'elle n'est pas du genre à abandonner. Si elle ajoute de la puissance à ses kicks, si elle augmente sa moyenne et si elle sprinte de temps en temps, elle sera imbattable.
Colleen Pelech n'est pas du genre à abandonner non plus! Elle termine 2ème des trois jours en 19h51m52s. (photo: Iván Molina Castrillón)Elle aussi, a une très grosse marge de progression, pourvu qu'elle maîtrise à la perfection le switch!
Tanya Shetsen, membre de la Shralpers Union, finit 3ème féminine du Sk8 Challenge 2014 en 21h49m09s. (photo: Iván Molina Castrillón)Puissante, Tania a remporté la 1ère étape, mais elle n'a pas résisté au pace régulier de Claudia et de Colleen. Malgré cela, avoir fini les trois étapes dès la première participation, voilà une belle performance!
"L'essentiel n'est pas d'avoir vaincu, mais de s'être bien battu." Pierre de Coubertin
Je rends hommage à John Moriarty qui malgré sa chute du premier jour en raison d'un kingpin cassé (encore!) a fini les 3 étapes. (photo: Iván Molina Castrillón)
Jeff Crowe (51 ans) semble rajeunir chaque année; (photo: Iván Molina Castrillón)grâce à lui et à d'autres, on comprend que le skateboard en endurance n'a pas d'âge.
Bravo à David Kimmel (60 ans!) (photo: Iván Molina Castrillón)qui s'est cassé un poignet en tombant le premier jour et qui a presque fini les 3 étapes et personne n'était au courant pour son poignet!
Félicitations pour Anne Palmer (54 ans) (photo: Iván Molina Castrillón)qui, toujours avec le sourire, a fait le maximum pour aller au bout des 302 kilomètres, même si elle n'y est pas arrivée. La prochaine fois!
Bravo à Jordi Ensign qui non contente d'avoir réussi à cesser de fumer cette année, a enfin fini les 3 étapes. (photo: Iván Molina Castrillón)
Ed Francavilla, autre quinquagénaire, toujours modeste et discret, est allé jusqu'au bout des 302 kilomètres. (photo: Iván Molina Castrillón)Et dire que certains ignorants croient que le skateboard est un sport d'adolescents!
Je suis impressionné par Marion Spears Karr, non parce qu'il a fait son meilleur chronomètre dans cette course qu'il organise, mais parce qu'il est végétarien (ou végétalien!) depuis quatre ou six mois et qu'il réussit à suivre le régime qu'il s'impose. (photo: Iván Molina Castrillón) Il finit quand même premier des quinquagénaires!
Harrison Tucker n'a que 14 ans et il a quand même parcouru les 302 km. (photo: Iván Molina Castrillón)Je ne suis pas sûr que tous les ados de son âge soient capables de faire aussi bien. Autre élément encourageant: Harrison fait partie des jeunes qui se passionnent pour les courses sur longues distances; il participe à toutes les courses qu'il peut faire!
Félicitations à Bryan Prince (un spécialiste des courses d'endurance en Stand Up Paddle sur le Mississippi en Louisiane!) (photo: Iván Molina Castrillón)et aux membres de la West Street Stand Up Paddle de Los Angeles, (photo: Iván Molina Castrillón)Jeremiah Vincent, Daniel Cambay et Deejay Pascua (sans oublier Nina, l'amie de Deejay qui a aidé tout le monde) d'être venus à bout des 302 kilomètres à la force des bras et des rames, pour plus de la moitié du parcours! Honnêtement, je n'étais pas sûr qu'ils y arrivent! Ils l'ont fait comme s'ils se promenaient!
Épilogue
Pour moi, les meilleurs moments de ces courses très dures ont souvent lieu après la course (pas toujours bien sûr!). Qu'il est bon, après une douche chaude délassante et décrassante, d'enfiler des vêtements propres et de descendre pieds nus, en profitant de la moquette épaisse du La Quinta, dans la salle de réunions de l'hôtel,pour y retrouver tout le monde une dernière fois!J'étais détendu, plein du sentiment d'avoir fait de mon mieux dans cette édition 2014 et d'avoir gagné le respect de mes pairs. Mieux, après ma 3ème participation à cette course et mon 7ème voyage aux USA pour prendre part à une course, je ne me sens plus comme un étranger inconnu: je suis entouré d'amis, de racers qui me connaissent depuis 7 courses et avec lesquels j'ai beaucoup partagé. Je fais partie de la "famille" des Skateboarders sur Longues Distances; je suis un peu le "cousin français"!
Les trois premiers hommes reçurent leurs trophées,puis Claudia, Colleen et Tanya (photo: Iván Molina Castrillón) et Juan Molina reçut le trophée 2014 de la meilleure anecdote: il a roulé avec un cuissard de compression noir, presque transparent et semble-t-il, sans sous-vêtements, pour être plus frais et léger certainement!Pendant les premiers kilomètres du dimanche, j'ai été témoin de cela et c'est certainement l'une des raisons pour lesquelles je préférais être devant lui!
Le lundi matin, je pris un premier petit-déjeuner au La Quinta et une ou deux heures plus tard Andrew m'appela pour me demander si je voulais aller prendre un vrai American Breakfast avec Conan, Rachel et lui.Impossible de dire non pour moi! En plus, nous avons roulé dans son motorhome!Après tout ce que j'ai vecu aux USA, il ne me reste plus qu'à porter un Colt à la ceinture et un Stetson sur la tête pour faire quelque chose de nouveau!
En plus, Andrew Andraset Dan Furrer nous ont ramenés, Claudia Case, Colleen Pelech, Conan Isaac Gay, Rachel Andrew Maida, Kyle Yan et moi,à l'aéroport d'Atlanta!Là-bas, nous nous sommes séparés de Dan et d'Andrew qui retournaient en Floride dans leur Recreational Vehicleet tout le reste de la bande est allé boire un dernier verre et manger un dernier hamburger (un vrai!) dans un restaurant des Atlanta Braves (l'équipe de base ball locale). Mon 7ème voyage aux USA ne pouvait mieux finir!
3 jours de course, 3 jours de vie et d'amitié intenses.
Remerciements
À vrai dire, je remercie tout le monde. Pourquoi? Sans la participation de chaque racer, même le plus modeste, l'une des plus belles courses d'endurance (et pourquoi pas la plus belle?) en skateboard jamais organisées disparaîtrait peut-être! En 2011, lors de la première édition ils n'étaient que 13 participants! Si le nombre de racers descendait à nouveau sous les 20, Georgia Neal Hall, Chadd Hall, Marion Spears Karr et tous les bénévoles pourraient-ils se permettre de donner de leur temps comme ils le font chaque année? Merci à tous de venir pour faire vivre cette course unique: la seule course d'endurance en skateboard à étapes, au monde!
Mais tout de même, (photo: Iván Molina Castrillón)merci à Marion Spears Karr de travailler pour faire vivre cette course unique. Merde! C'est l'un des évènements sportifs les plus ambitieux qui soient (toutes catégories confondues) et il reçoit si peu d'attention des médias! Cette course est simplement énorme! Même les skateboarders qui ne font pas d'endurance devraient essayer d'y participer.
Merci à Georgia Neal Hall et à Chadd Hall: (photo: Iván Molina Castrillón)cette course impose beaucoup de responsabilités, beaucoup de travail, beaucoup de stress et ils s'en sortent avec calme et professionnalisme.
Merci à tous le bénévoles: (photo: Iván Molina Castrillón)c'est quand même bon pour le moral de voir la générosité des Américains qui viennent nous aider à parcourir 302 kilomètres pendant trois jours!
Merci à Carlos Montalvo (photo: Iván Molina Castrillón)de m'avoir emmené de downtown Atlanta au La Quinta en passant par un mall!
Merci à Lance Curry (photo: Iván Molina Castrillón)et à David Phillips (le père de Matthew Phillips), chacun à leur tour, d'avoir été mes chauffeurs dans Anniston (AL) et aussi à Mark Chernesky (photo: Iván Molina Castrillón)de m'avoir ramené dimanche soir au La Quinta.
Merci à Iván Molina Castrillónpour ses photos somptueuses et ses infos sur la Floride. Merci à Anne Palmer (photo: Iván Molina Castrillón)pour les siennes. Merci à Lee Biddlele longboarder local de Jacksonville (Alabama) qui nous a photographiés à notre passage vers sa ville et qui a partagé avec nous ses photos!
Merci à David Kimmelpour son liquide réfrigérant et anti-douleur!
Merci à Curran Kanagat (photo: Iván Molina Castrillón)le super soigneur du New Jersey qui m'a utilement torturé en massant mes jambes endolories, après mon arrivée du 3ème jour!
Merci à Dan Furrer (photo: Iván Molina Castrillón)pour sa bonne humeur et son humour: le Suisse-Américain le plus cool que je connaisse!
Merci à Rachel Andrew Maida: (photo: Iván Molina Castrillón)une vraie mère! Gentille, patiente, cool!
Merci à Andrew Andrasqui nous a ramenés à l'aéroport, Conan Isaac Gay, Rachel Andrew Maida, Colleen Pelech, Claudia Case, Kyle Yan et moi dans son recreational vehicle (RV ou motorhome) de luxe!
Last but not least, merci à Giovanni Barbazza de m'avoir convaincu d'y aller une troisème fois!
J'espère n'avoir oublié personne et si je l'ai fait, que cette personne n'hésite pas à me le rappeler!
Pour les informations et les annonces ultérieures, la page facebook de la course: link, et sa page web: link