17 février 2010 3 17 /02 /février /2010 17:32
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Les sports qui allient glisse et endurance sont rares. Le roller, le patinage de vitesse dans toutes ses variantes, le ski de fond et éventuellement, le surf (si l'on considère le fait de ramer comme une nécessité acceptable et non comme une corvée), sont ceux qui me viennent à l'esprit. Le skate lui, s'est longtemps cantonné (depuis sa création aux USA dans les années 60) à des disciplines codifiées: la descente, le slalom, et les deux disciplines les plus connues du grand public, la rampe (ou bowl) et les figures et sauts acrobatiques du skate de rue (le "street").
Désormais, les progrès techniques du matériel (planches, roues, essieus, pardon "trucks", et roulements à billes), et surtout, quelques pionniers dont je salue la liberté d'esprit, sont en train d'ouvrir une nouvelle voie au skate: celle des longues distances. Cette nouvelle pratique du skate est apparue à la suite d'une "découverte" ridiculement simple: on peut se servir d'une planche à roulettes pour se déplacer, pour descendre des pentes (on le savait déjà) et pour les remonter! Il suffit d'apprendre et de maîtriser une technique aussi simple que logique: changer de jambe d'appui sur la planche, afin de ne pas pousser toujours avec la même. Une fois acquise cette technique, le skate devient un instrument de locomotion équilibré (pour le corps), très pur parce que simple, et beau, toujours de par sa simplicité et aussi de par sa légèreté.
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Le mouvement ample du skateur, ou du "longskateur", engage tout son corps; le torse oppose une torsion naturelle à la jambe qui prend appui sur le sol pour propulser l'ensemble, le geste large et aérien est limpide parce que naturel, c'est la foulée d'un coureur de fond sans la dureté des chocs; c'est simplement élégant.
Mais qu'on ne s'y méprenne pas, le plaisir du "longskate" sur longues distances n'est pas seulement esthétique; il est ausi rationnel: parcourir une distance de 50, 100, 200 kilomètres sans s'arrêter (ou si peu) plus vite qu'un marathonien grâce à un artefact de moins de 5 kilos, cela est toujours une joie. Cette glisse ininterrompue nous donne une idée de ce qui pourrait être l'infini.
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De cette nouvelle pratique du skate émergent des disciplines prometteuses:
Les "push races" sont des courses de skate qui traversent des villes ou des forêts sur des distances de 10 à 40 km. Bien organisées, ces courses sont sécurisées, ont un point de départ et d'arrivée et offrent aux participants des montées, des zones plates et des descentes, qui exigent endurance et maîtrise technique. C'est à mon sens la modalité la plus complète.
Le Canada, les Etats Unis et le Royaume Uni sont à l'avant-garde dans l'organisation de ces courses, qui peuvent être "légales" (les autorités sont prévenues) ou "pirates" (les skateurs prennent d'assaut les trottoirs et les chaussées). Malheureusement, la France et le reste de l'Europe méconnaissent la pratique du skate en tant que sport d'endurance d'où l'absence de courses en mode "push race". Sécurisées, ces courses sont accessibles à l'ensemble des skateurs, qu'ils pratiquent le "shortboard" (planche de figures classiques utilisées par nombre d'adolescents dans nos rues) ou le longskate (planche de grande longueur destinée à la descente, à l'endurance, ou simplement à la promenade "cruising"). Il "suffit" de savoir se propulser et de savoir freiner en laissant glisser un pied sur le sol, le "dropfoot".
Lancée en 2002, la course "Broadway Bomb" de New York est une course pirate organisée chaque année au mois d'octobre. C'est d'abord le désir de s'amuser en occupant l'espace urbain de façon pacifique et ludique, qui réunit les participants à cette course.
 La "Rogue Race" d'Edmonton ( link ) au Canada est une véritable course d'endurance où chacun essaie de dépasser ses limites. C'est l'une des premières courses d'endurance "légales" où le vainqueur se voit attribuer un prix en espèces (en l'occurence 1000 $ canadiens). Elle traverse la ville d'Edmonton sur une distance de 20 km. 
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La course "King of the Forest" ( link ) entre aussi dans la catégorie des véritables courses d'endurance. Elle offre un parcours de 20 km sur une superbe piste cyclable située au coeur de la forêt "Seymour demonstration", au nord de Vancouver. A l'instar de la "Rogue Race" d'Edmonton elle offre un premier prix de 1000 $.
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Les pratiquants du skate longue distance ont aussi investi les courses d'endurance destinées aux pratiquants du roller, quand les organisateurs de ces courses les y acceptent. Ainsi la course anglaise de roller "Goodwood Roller Marathon" ( link ) est un contre la montre montre sur 42 ou 84 km dont le parcours est un circuit automobile qui enserre un aérodrome privé. Avec une ouverture d'esprit et un optimisme remarquables, loin de tout sectarisme, les organisateurs acceptent toutes les formes de glisse sur petites roues.
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D'autres skateurs organisent leurs propres marathons sur de très longues distances. Ainsi une formule en vogue est celle qui consiste à parcourir la plus grande distance possible en 24 heures (record détenu par le canadien Paul Kent: 403 km! Le français Romain Bessière a parcouru 346 km en longskate aux 24 heures du Mans roller, soit 79 tours de piste!).

La dernière discipline du skate longue distance n'en est pas une, c'est le voyage en skate. L'appel des horizons, le refus de certaines contraintes sociales, la volonté de montrer qu'il est possible de voyager à l'aide d'un skateboard et le plaisir d'une glisse sans entraves, tout cela donc, incite des pionniers courageux à rouler sur les routes du monde. Le néo-zélandais Robert Thomson a traversé la Chine, les Etats Unis et L'Europe en longskate ( link ). Les canadiens Paul Kent et Aaron Enevoldsen et l'américain Adam Colton ont parcouru 2400 km de Lima, capitale du Pérou, à Potosi en Bolivie ( link ). L'anglaise Laura Hatwell a traversé seule les îles Shetland, les îles Orkney et l'Ecosse ( link ). Le britannique Dave Cornthwaite a parcouru 5823 km de Perth à Brisbane en Australie ( link ). Chez nous, le français Romain Bessière a traversé le japon du nord au sud, soit 1500 km en un mois! ( link ).

Le skate longue distance est donc une discipline ouverte à ceux et à celles qui cherchent une alliance entre la glisse et l'endurance. Cette nouvelle pratique du skateboard n'est ni meilleure, ni pire que le roller ou le ski de fond; il s'agit simplement d'un sport "nouveau" et différent, riche en possibilités et qui échappe au snobisme car il ne peut être pratiqué sans passion et sans persévérance; sa pratique est sincère. Mais son apprentissage n'est pas difficile: il suffit de quelques heures pour commencer à rouler. L'avenir est une route ouverte.
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